Peux t-on sauver les imbeciles?

Publié le par Antoine Grüner


C'est à l'instant de passer à table que l'on sait en partie ce qui nous a construit. La table, le vin, ce que l'on en fait, en dit bien plus sur chacun de nous que tous les examens possibles. Combien de clients rentrent, sans répondre au bonjour qu'on leur lance à la volée? Pas un bonjour de circonstance, pas un bonjour "commerçant" non un "bonjour" sincère, en guise de bienvenue, le bonjour qu'on a intégré comme naturel depuis l'âge de trois ans... Déjà, ces cocos là qui te regardent à peine te prennent pour le loufiat de service, n'ont d'yeux ni pour leurs voisins de table, ni pour le personnel. Il faut que je respire un grand coup pour garder mon calme et ne pas les foutre dehors... Faut dire qu'après trois "bonjour" !! Bien appuyés, il se raidissent et consentent à sortir un son poli de leur tête de noeud. Ces gens ont ils été élevé autour d'une table? Leurs parents, ou les adultes qui les entouraient leur ont ils transmis le plaisir de s'asseoir autour d'une table, de partager un repas? Ont ils attendu avec envie le moment où la torture cessait et qu'enfin on passait à table. On allait pouvoir croquer, se délecter, et plus seulement sentir cette bonne odeur qui envahissait la maison. Je crois profondément que ces gens sont ainsi dans leur vie, comme ils sont au restaurant. C'est triste, j'aurais presque tendance à les excuser, mais je n'y parviens pas. La politesse, la table, le plaisir, le partage, tout ça ne doit faire qu'un, et si on en est pas équipé, on apprend !! Il en va ainsi pour le solide, comme pour le liquide. Voici celui-ci qui "veut un blanc" , lequel? Un sec? Un plus fruité? De quel coin? . "un blanc, n'importe lequel, un blanc" . Et là, tu fais quoi? C'est en quelques secondes qu'il te faut décider si tu prends ton costume de guide ou celui de bon commerçant qui servira le canon dont il veut se débarrasser. Si tu le sens, tu peux lui toucher deux ou trois mots du Pouilly-fuissé des Perraud que tu viens de lui servir, juste lui dire comment tu le vois ce canon là, lui expliquer rapidement pourquoi c'est si profond, si différent du canon d'à coté. Faut pas le bassiner trois plombes hein. Juste tenter de placer un petit doute, un petit espoir qui lui fera dire la prochaine fois qu'il a bien aimé celui qui est "bizarre" et qu'il en veut bien un dans ce style. Je raccourcis l'histoire, souvent c'est plus long, faut plusieurs rappels, plusieurs B.C.G (bon choix mon gaillard). Parfois ça prend jamais, mais quand ça prend, qu'est ce que c'est bon...quel plaisir de faire se rencontrer un vin et un gosier qui ne l'auraient jamais fait sans toi. Ce sont ces petites choses qui me font dire que même s'ils m'excèdent, les "ignorants" peuvent devenir sensibles eux aussi, et gouter, peut être un jour, aux plaisir de la table. Et surtout, cela me rappelle chaque jours ce qu'il est important de transmettre à nos trolls.

Publié dans Humeurs...

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